Stériloplastie
installation
2023
Stériloplastie est un projet cherchant à mettre en exergue les ambiguités qui régissent les prises d’hormones dans les parcours des personnes transgenres. De fait, les plaquettes contenant des capsules de progestérone, l’hormone féminine sécrétée durant la grossesse, sont suspendues à des chaînes, et témoignent d’une prise personnelle régulière, à raison d’une par jour. Or, mon propre corps est en réalité stérile, car la consommation d’œstrogènes en une certaine quantité rend infertile. Afin d’améliorer les effets de cette transition, j’ai choisi de m’administrer également une hormone porpre à la matérnité, à la grossesse et à l’allaitement, et donc nécessairement fondée sur la question de l’engendrement et de la fertilité, ordonnant alors un contre-effet oxymorique autour des questions de la parentalité des personnes trans, rappelant l’interdiction de l’accès a la PMA pour nous.
La succession de plaquettes vides fonctionne visuellement comme un calendrier aseptisé, une empreinte chronologique orchestrée par les entreprises pharmaceutiques, chaque opercule vide représentant un jour. Le plastique, le métal ou le verre sont des matériaux issus de transformations industrielles, rappelant le rôle de la technologie dans la gestion biopolitique des corporalités : rien d'organique, rien de naturel, mais ingestion ou injection de produits synthétiques. Les chaînes symbolisent le lien forcé, l'obligation de consommer ces substances quotidiennement dans les parcours trans, afin de remplacer une hormone par une autre. Elles évoquent également l'aspect défifinitif de l'infertilité chez les femmes transgenres (bien que des recherches soient en cours autour de greffes d'utérus ou d'arrêts de prises hormonales pour relancer la production naturelle de gamètes). La seringue dressée représente l'horizon des hormones injectables, pour le moment illégales en France, et donc non distribuées, précarisant (finacièrement et médicalement) les femmes trans.