Cyberjungle — ellis laurens

Cyberjungle

2022

Cyberjungle propose au sein d’une vidéo expérimentale des visuels qui fusionnent et se développent en imbrication les uns dans les autres. Ce travail de recherche est composé d’un ensemble de vidéos générées par intelligence artificielle. Le modèle utilisé est Stable Diffusion vidéo et permet à travers deux prompts textuels de générer le passage entre ces deux commandes. Le but a ensuite été de retracer l’évolution d’entités et d’espaces en constante transition : les robots deviennent des plantes qui se changent en cyborg, la jungle envahit le laboratoire et des automates se fondent dans un paysage de ruines. Les époques se mêlent et une temporalité propre à cette espèce qu’est læ cyborg augmenté.e se déploie et nous transporte de temps ancestraux à des dystopies ultra-technologiques. Qu’est devenue l’humanité dans cette fresque temporelle monstrueuse et inquiétante ?

Cyberjungle se veut constituer une exploration de l’imaginaire artificiel autour des cyborgs et autres automates, tout en construisant une fresque spatiotemporelle qui s’éloigne du réalisme pour répondre au fantasme collectif concernant une anthropologie à venir. Les formes squelettiques se meuvent et deviennent des robots scientifiques officiants des opérations mystérieuses. Des hangars s’emplissent de verges de plantes, comme s’iel s’agissaient d’objets d’études dans un univers qui viendrait à en manquer. Pourrait-on produire des plantes en laboratoire pour subvenir aux besoins naturels des (post)humain.e.s ? Les plans suivants montrent des reliques de structures techniques perdues dans la forêt, s’agirait-iel de capsules temporelles remontant dans des périodes ancestrales pour en récupérer quelque essence naturelle ? D’un portail vers une colonisation cyborgienne du passé, pour orienter différemment le présent ? Que font ces robots dans la pleine nature, sont-ils partis explorer quelque contrée extraterrestre lointaine, reproduisant le rythme d’appropriation des ressources si bien ancré dans notre rapport à l’environnement ?

Les lieux, objets et sujets de la vidéo s’entremêlent, augurant dès lors des étapes de fusion jusqu’alors impossibles à concevoir. L’intelligence artificielle, nourrie par nos visions d’un futur incertain et d’une humanité en phase de technicisation, représente complètement cette production de la vie en laboratoire, cette augmentation du corps par la bionique, ce rapport questionné aux entités naturelles et ces passages nécessaires au travers d’une fresque temporelle qui a perdu toute linéarité.

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