Chimiosynthesis
À la quête du chant des siphonophores
Experimental

2025
18’22”

Chimiosynthesis se présente comme une ode à celleux qu’on ne connaît pas. Les espèces et les espaces que l’on découvre, ou que l’on croit découvrir à travers des expéditions sous-marines survolant les plaines abyssales. S’aventurant dans les profondeurs océaniques à l’aide de sous-marins à l’allure de sondes spatiales, des équipes de biologistes marin..es, à travers des flux vidéos en temps réel, explorent les recoins les plus inaccessibles de la planète, s’extasiant face à des formes de vie et des comportements jusqu’alors jamais observé·es, ou à des structures, des formations et des fonctionnements écosystémiques inconnu·eu·es. Parmi ces phénomènes, on peut notamment compter des processus de symbiose mutualiste, des alliages interespèces insoupçonnés, lorsque différents individus aux fonctions biologiques spécifiques s’assemblent pour former un holobionte interdépendant. On peut aussi mentionner les whalefalls, ces carcasses de cétacés, coulant jusqu’au sol des abysses et constituant alors un oasis de vie dans un terrain initialement vide, pour une cinquantaine d’années environ. Le cadavre de l’animal se fait le refuge et la réserve alimentaires d'une multitude d'espèces nécrophages : bactéries et végétaux marins s'installent et prolifèrent à la surface des os, egendrant alors des cycles de vie complets en son sein, devenant dès lors, par la mort, un écosystème foisonnant. On pourrait aussi parler des espèces extrémophiles, ou des phénomènes comme la chimiosynthèse, processus lors duquel des molécules (carbone, hydrogène, méthane...) émises par des cheminées sous-marines sont absorbées et converties par des organismes qui en font leur première source d’énergie, et créent alors des zones de vie autour des sources de gaz toxiques. La vie s’adapte. Que penser de la pollution ? Que penser de notre rapport à ces mondes et à ces êtres si loins de nous, si inconnus ? Faut-il tenter l’interaction ? Chercher à en apprendre plus sur leurs communautés biotiques ? Ou ne vaudrait-il pas mieux les oublier, les laisser en paix, les abandonner dans les méandres de notre imagination ? Respecter par notre absence leur présence légitime sur cette planète. Garder quelques écrins de vie sans que nous nous immiscions à l’intérieur, pompant énergie et connaissance de ces phénomènes naturels qui dérangent nos certitudes. L’idée est ici de révéler des modes de vie radicalement difffférents des nôtres, et d’ouvrir la réflexion sur la biologie spéculative, prenant au mot l’idée selon laquelle les espèces marines sont si différentes de ce que l’on connaît qu’elles pourraient bien être de provenance extraterrestre. En plongeant dans l’analogie qui lie les espaces océaniques et cosmiques du fait que nous ne les ayons que très peu explorés, on peut alors envisager des formes biotiques dépassant l’entendement, et rêver à des rencontres interespèces riches en découvertes. 


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